Le "Bateau-stop" : mon retour d'expérience
- Globe Tortue
- 15 déc. 2024
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 janv.
Le bateau-stop m'a permis de réaliser mon rêve de tour du monde sans avion : je me devais bien d'y consacrer un article dédié !
Cet article est à destination de ceux qui sont intéressés par le bateau-stop et qui souhaitent trouver des conseils. Ce ne sera pas complètement exhaustif donc n'hésitez pas si vous avez des questions en commentaire !
Sommaire
Vous avez une piste de bateau - que demander à son/sa capitaine
C'est quoi, le bateau-stop ?
Pour parcourir le monde sans avion, j'ai embarqué à bord de sept voiliers différents, et un bateau à moteur. À chaque fois, le même pacte : le capitaine m'offre la possibilité de voyager avec lui, en échange de quoi j'aide sur le bateau aux tâches quotidiennes, et je lui rembourse ma part de nourriture (en général).
Pour commencer en bateau-stop, il faut comprendre une notion fondamentale : les voiliers en grande majorité vont suivre les vents dominants et éviter les tempêtes.
Cela veut dire deux choses :
- on ne trouve pas des voiliers partout
- on ne trouve pas des voiliers tout au long de l'année.
Où et Quand partir
Quelles routes de navigation emprunter ?
Voici une carte des vents dominants. Les voiliers suivent les alizés (en jaune et marron), plus rarement les westerlies ou vents d'ouest (en bleu), du fait de conditions météo plus défavorables.
En général, les voiliers traversant l'Atlantique vont le faire d'Est en Ouest, et de même pour le Pacifique, en suivant la route des alizés.
En effet, il est plus facile de naviguer avec les alizés, sous les tropiques, qu'avec les vents d'ouest, proches des pôles.
La mer et le vents y sont moins violents ; alors qu'en se rapprochant des pôles, la mer et le vent se renforcent et la gestion du froid rajoute une complication.
Pour voir les vents en temps réel, ce petit site fait bien l'affaire :
Cependant, la plupart des navigateurs utilisent Windy notamment pour les prévisions météo.
D'après la "bible" de Jimmy Cornell "Routes de navigations", j'ai fait plusieurs cartes détaillant les routes maritimes classiques par océan. En jaune, les indications de tempêtes tropicales que les marins cherchent à éviter.
Routes dans l'Atlantique Nord
Routes dans l'Atlantique Sud
Routes dans la mer des Caraïbes
Routes dans le Pacifique Nord Est
Routes dans le Pacifique Sud Est
Routes dans le Pacifique Nord Ouest
Routes dans le Pacifique Sud Ouest
Routes dans l'Océan Indien
Routes dans la Méditerranée
Prenons un exemple : je veux traverser l'Atlantique Nord. On voit selon les routes et les saisons de tempêtes aux Antilles, qu'une traversée idéale se fera de novembre à juin, probablement en s'arrêtant à Madère, aux Canaries ou au Cap-Vert. Chercher un bateau pour l'Atlantique sera donc très efficace en se rendant en octobre au sud du Portugal ou en septembre sur la côte Atlantique française.
Quelle période pour partir ?
Il faut bien sûr éviter les cyclones et ouragans saisonniers. Vous pouvez regarder au cas par cas les saisons des tempêtes sur mes cartes ci-dessus par océan. Certaines zones sont exemptes de tempêtes saisonnières, comme le sud est du Pacifique ou le sud de l'Atlantique. Demandez sur place aux marins qui ont de l'expérience : cela permet aussi de se faire une idée précise des prochains départs. Les courses et rallyes peuvent également influencer sur une salve de départs.
Repérer les voiliers susceptibles de vous embarquer
Pour repérer précisément un port où les bateaux de plaisance sont présents (oui, car dans cet article je ne parle ni de cargo ni de bateaux de pêches), j'utilise Marine Traffic, une application gratuite. Sur cette application, je peux en effet sélectionner l'affichage des voiliers de plaisance uniquement (en rose) et voir où ils sont massés.
En trouvant un nom de voilier sur Marine Traffic, il est souvent possible d'en contacter le capitaine via la page facebook de son voilier. Si vous êtes sur place, vous pouvez aussi rechercher toutes les marinas du coin, en tapant "marina" sur google maps. Il est possible d'identifier les mouillages (là où le bateau est à l'ancre, contrairement aux marinas où le bateau est au port) sur l'appli Navily.
Ensuite, sur place, j'identifie rapidement ceux qui sont prêts pour la longue distance et qui peuvent potentiellement m'embarquer :
- le bateau a un panneau solaire ou une éolienne
- le bateau est à quai, la barre a roue n'est pas sous une bâche et le bateau a l'air habité
- des fruits dans le filet à l'arrière peut indiquer que l'avitaillement est déjà fait, dans ce cas, le bateau est très proche du départ et il est peut-être trop tard pour rajouter un équipier.
Comment se faire connaître
Sur place
Si vous êtes sur place, le mieux est de rédiger une petite annonce pour vous faire connaître.
L'annonce doit être à la fois originale, pour vous démarquer des autres annonces, et contenir toutes les informations essentielles pour le capitaine :
- Qui êtes-vous/votre expérience
- Combien êtes-vous/avez-vous des bagages encombrants
- Où vous vous rendez et pourquoi, indiquez si vous êtes flexible sur la destination
- Que pouvez-vous apporter au capitaine ?
- talent culinaire
- joie et bonne humeur
- expérience en navigation
- électricité /électronique /mécanique
- premiers secours/soins avancés
- s'occuper des enfants/animaux éventuellement présents à bord
- parler dans sa langue
- Date de l'annonce
- Un moyen facile de vous contacter
Pour exemple, quelques unes de mes annonces.
Les annonces, je les affiche à plein d'endroits différents pour toucher un maximum de navigateurs. Attention, toujours demander la permission avant de coller votre annonce quelque part et toujours revenir enlever son annonce une fois que vous avez trouvé un bateau !
Mes lieux d'affichage :
les marinas et les clubs de voiles ont souvent des panneaux d'affichage dédiées
sur les pontons où s'amarrent les dinghy/annexes des bateaux au mouillage
dans les toilettes de la marina
à côté des distributeurs de billets les plus proches de la marina et des pontons
dans les laveries où se rendent les capitaines pour laver leur linge
chez les équipementiers nautiques chez qui se fournissent les voiliers en pièces pour leur bateau
dans les chantiers navaux
sur la porte des supermarchés où les capitaines font leur avitaillement
sur la porte des restaurants et bars proches de la marinas
Toujours en demandant la permission au gérant bien sûr !
Sur place, vous pouvez aussi aller dans les marinas, yacht club, sailing club, clubs de voiles, et tout simplement parler de votre projet à CHAQUE personne que vous rencontrez. Des fois je me baladais avec un petit carton pour attirer l'attention. N'oubliez pas d'être souriant !
A distance
Si vous n'êtes pas encore sur place (ou même si vous l'êtes et que vous voulez plusieurs cordes a votre arc, ce que je vous conseille) vous pouvez poster votre annonce sur internet.
Pour cela il y a les sites web dédiés, dont les plus connus sont
- Bourse aux Equipiers (gratuit)
- FindaCrew (gratuit)
- Vogavecmoi (payant)
Les groupes facebook sont assez efficaces, pour ma part j'ai trouvé 3 bateaux grâce aux groupes facebook.
En voici quelques uns :
Certains sont spécifiques à des régions, comme :
Enfin, quelques groupes WhatsApp existent mais ils sont par définition plus difficiles à trouver :
De plus, ces groupes sont normalement réservés aux échanges entre capitaine, et les équipiers recherchant des bateaux polluent en général la conversation avec leurs demandes, ce qui peut agacer les capitaines, à juste titre. A utiliser avec parcimonie.
Vous avez une piste de bateau - que demander à son/sa capitaine
Félicitations ! Il faut maintenant procéder à quelques vérifications, surtout si vous vous embarquez sur du long terme, afin de voyager de manière plaisante et en sécurité.
En premier lieu, écoutez votre instinct/feeling : si vous ne le sentez pas, n'y allez pas !
Voici la liste de ce qui est obligatoire pour un bateau à moteur lorsqu'il navigue en haute mer.
Vous pouvez commencer par vous assurer que votre capitaine est en possession de tout cela.
Pour ma part, je demande surtout les points suivants pour la sécurité :
- y'a til de quoi prendre la météo en mer ?
- y'a til un téléphone satellite type Iridium ?
- le bateau a t il l'AIS récepteur ET émetteur ? (ce dispositif permet de localiser les autres bateaux et de signaler sa position aux autres)
- y'a til un radar en cas de dysfonctionnement de l'AIS ?
- y'a til un radeau de survie ? un grab bag?
- y'a til une balise EPIRB ? (détachable, permet de contacter les secours en cas d'abandon du navire)
Pour m'assurer des compétences du capitaine, je peux lui demander :
- depuis combien de temps il navigue
- depuis combien de temps il navigue qvec ce bateau
- a t il déjà eu des avaries graves sur un bateau et comment les a t il résolues
- le contact d'anciens équipiers
- a t il déjà eu des soucis avec un équipier et si oui que s'est il passé (puis demander le contact de l'équipier pour avoir son son de cloche)
- l'âge du gréement courant et dormant (des voiles qui ont 10 ans : danger !)
Ensuite, pour des questions de confort, je demande les points suivants :
- y'a til un autopilote (ce qui permet de ne pas avoir à barrer h24)
- y'a til un dessalinisateur? De combien d'eau par jour dispose t on pour la traversée ?
- Combien de cabines possède le bateau et comment s'organise le couchage ?
- avez vous un régime alimentaire particulier ? Pêche-t-on sur le bateau ?
- avez vous internet sur le bateau (via Starlink par exemple). Personnellement je trouve plus sympa de naviguer sur un bateau sans internet, cela permet vraiment de se déconnecter pour quelques jours.
Enfin, ma dernière question : comment ça se passe au niveau financier, pour la "caisse de bord" ?
Personnellement je refusais les bateaux à plus de 10 euros par jour (à l'exception d'un bateau où je payais 15 euros mais le capitaine nous faisait vraiment profiter à fond des escales, nous offrant souvent le restaurant) ou je négociais de ne payer que ma part de nourriture.
Lorsque je fais du stop en voiture, je suis souple et flexible sur le départ et la destination, car je prends une voiture "en route" qui serait arrivée là bas avec ou sans moi. Je n'ajoute pas de coût pour le conducteur, donc je ne paye pas.
De même, en stop en bateau, le voilier part, avec ou sans moi, et je n'ai pas vraiment le choix des arrêts et de la destination, ce n'est pas une croisière !
Je prends une place en plus dans le bateau, certes, mais j'apporte une personne de plus pour faire les quarts de nuits, les manœuvres, ce qui apporte de la sécurité et du sommeil au capitaine. Je fais ma part de tâches ménagères comme la cuisine, le nettoyage , parfois j'aide au bricolage ; je considère que je travaille gratuitement sur le bateau, c'est pourquoi je ne rembourse que ma part de frais de nourriture.
En convoyage, il arrive même que le capitaine prenne en charge tous les frais.
Il y a tellement de sujets sur le bateau-stop, comme la vie à bord, la gestion du mal de mer, le permis bateau, que j'ai dû me limiter pour ne pas écrire tout un roman.
J'espère que ce petit article vous aura déjà été utile !
Bons vents !!
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