Mexique partie 3 (México, Puebla, Oaxaca)
- Globe Tortue
- 11 mars 2022
- 15 min de lecture
27 février
J'arrive à Puebla complètement HS. Je préviens la propriétaire de l'Airbnb, Cristina, qui s'inquiète aussitôt- ce n'est pas le covid ? Je la rassure, et elle accepte que je vienne à 11h au lieu de 15h. Je cherche à prendre un bus pour rejoindre l'airbnb, mais au bout de presque une demie heure à tourner en rond dans la station de bus, j'abandonne et je prends un taxi (je n'arrivais même plus à rester debout plus de cinq minutes d'affilée).
J'arrive donc chez Cristina vingt minutes et 300 pesos de taxi plus tard, je m'écroule sur le lit et j'y passe toute la journée.
28 février
Je ne suis pas tellement mieux aujourd'hui, mais je trouve quand même la force d'aller faire quelques courses. Ça m'apprendra à ne pas écouter les conseils !
01 mars
Je commence à me rétablir, donc je profite de mes forces renouvelées pour faire un tour dans le centre ville de Puebla.
Le centre ville est assez coloré, avec beaucoup d'églises et une belle cathédrale.
Je vois un gros rassemblement sur la place principale de gens qui semblent attendre quelque chose, et je demande à un passant ce qu'il se passe. Il me répond 'un temblo.', mais je ne connais pas ce mot, alors je suppose qu'il s'agit d'une manifestation.
Je me rends dans les souterrains de la ville, utilisés à l'époque pour de nombreux événements historiques dont la bataille pour l'indépendance du 5 mai.
Il y a aussi du street art sympa dans ce quartier.
Je rentre au logement et je m'attelle à ma couture de mon short, c'est la deuxième fois qu'il craque.

02 mars
Je pensais me sentir assez bien aujourd'hui pour pouvoir aller à Cholula, mais finalement je me sens moins bien qu'hier, alors je passe encore la journée à me reposer.
En fin de journée, mon hôte Cristina vient me voir dans la cuisine et me demande de sortir avec elle. Je lui demande pourquoi, elle me répète 'un temblo', ce mot que je ne connais toujours pas. Je finis par comprendre qu'il s'agit d'un tremblement de terre ! Très léger, car je ne l'ai pas senti, en même temps vu mon état je ne suis pas très réceptive à mon environnement. On sort dehors et j'entends effectivement une alarme ténue. On reste dehors sous le soleil écrasant jusqu'à ce que Cristina juge que le danger est passé.
03 mars
Je réussis à aller à Cholula, enfin! Le centre ville est très mignon, mais je suis surtout venu voir les ruines.
En effet, Cholula abrite la plus grande pyramide et le plus grand monument jamais construits par l'homme dans le monde (55 m). Le périmètre de sa base fait environ quatre fois la taille de celui de la pyramide de Gizeh. Le temple est traditionnellement considéré comme étant dédié au dieu Quetzalcoatl. Cependant, c'est une pyramide dont la majeure partie est recouverte par la nature. En fait, on dirait tout simplement une colline. Les Toltèques ont donné à la pyramide le nom de Tlachihualtepetl , en nahuatl « colline artificielle ».
Ce qui la rend encore plus atypique, c'est l'église de Nuestra Señora de los Remedios, de style néo-classique, qui a été bâtie au sommet de la pyramide/colline dans les années 1860.
Il y a vraiment une belle vue de là haut, et l'église est incroyablement décorée. Elle est considérée comme uns sanctuaire.
On peut voir le Cerro Zapotecas au loin.
Je redescends dans le centre ville admirer les bâtiments de l'époque coloniale. Sur certaines églises, des tombes sont carrément incrustées dans les murs !
04 mars
Je prends un bus ce matin pour me rendre à Mexico city, la capitale, souvent abrégé en CDMX (Ciudad De MeXico). En arrivant je dois prendre le métro... Petite nostalgie de la région parisienne ! Je remarque tout de même une petite différence, les deux derniers wagons sont réservés aux femmes et aux enfants de moins de 12 ans. Je n'arrive pas à déterminer si c'est bien ou si c'est triste...
Ma première vision de CDMX en sortant du métro est celle ci : une vieille église sur fond d'immeubles modernes. A posteriori, je trouve que ça représente plutôt bien la ville !

Je me rends jusqu'à mon auberge de jeunesse, qui se trouve être sur le même lieu qu'un restaurant ultra branché et qu'un hôtel 2 étoiles.
C'est assez marrant d'ailleurs, la réceptionniste s'occupe de l'hôtel et de l'auberge de jeunesse, elle n'a qu'à passer derrière une porte pour aller de l'un à l'autre, en mode "château ambulant" miyazakien.
Une fois mon sac déposé à l'auberge, je me balade dans le centre historique de Mexico.
Je passe devant :
- le palais des Beaux Arts et son parc
- la Torre Latinoamerica
- le quartier chinois Chinatown
- des artistes de rue.

Puis je m'arrête devant le '' zocalo'', c'est a dire la place principale. Elle est impressionnante par sa grandeur et par la splendeur des décorations des bâtiments qui l'encadrent.
Juste derrière la cathédrale, il y a les ruines d'un temple, el Templo Mayor.

Une jolie lumière de fin de soirée baigne les bâtiments.
05 mars
Je me rends au musée d'anthropologie en prenant le "métro-bus". En gros, c'est un bus qui passe toutes les deux à quatre minutes, et qui a parfois des voies réservées... Mais ça reste un bus ! Comme pour le métro, il y a une partie réservée pour les femmes et les enfants.
Il est divisé en deux parties : le rez de chaussée, consacré à l'archéologie, et le premier étage, consacré à l'ethnographie. J'ai bien fait d'arriver relativement tôt (11h) car il y a beaucoup à voir !
La fameuse pierre du soleil, qui n'est pas un calendrier comme beaucoup le pensent, mais une pierre dédiée au dieu soleil ; une ancienne parure d'un chef maya ; le masque mortuaire de la tombe de Pakal, dont j'ai vu la pyramide à Palenque.
Il y a même une reproduction des peintures de Bonampak, à l'échelle. Je peux donc admirer les peintures de l'alcove numéro 2 qui était fermée aux visiteurs à Bonampak.
D'autres œuvres attirent mon attention, comme la toute première œuvre retrouvée du Mexique, le Zohapilco, une statuette qui représente un corps de femme, daté de 2300 avant notre ère.

Il y a aussi des reproductions d'éléments de temples mayas, comme cette peinture du dieu de la pluie, Tláloc, cette sculpture de son analogue féminin, la déesse des eaux horizontales Chalchiuhtlicue, ou cet anneau en pierre du jeu de pelota.
Je découvre également les codex, des livres mayas recouverts de glyphes mayas, ainsi qu'un parchemin racontant l'exode d'un peuple. Ou encore, ce pot en jade qui n'a pas fini d'être évidé, et qui renseigne les archéologues sur leur technique de sculpture.
Je passe ensuite côté anthropologique, où l'artisanat des différents peuples mayas qui vivent encore à ce jour est exposé. Il y a même une petite chapelle grandeur nature !

Bref, j'en sors assez tardivement et me rends au parc de Chapultepec, juste à côté. Les vendeurs de sucreries sont impressionnants de couleurs.
Je voulais me rendre au château de Chapultepec mais c'est fermé, je me contente donc de l'admirer de l'extérieur.
Je mange au sushi ce soir, que du riz et du poulet cuit, même pas de saumon cru que j'aime tant. J'adore la nourriture mexicaine (et le saumon cru) mais je ne suis pas encore cent pour cent rétablie de ma turista, alors j'évite les tacos ou les produits sensibles, trop gras ou crus, pour l'instant.
Je retourne à l'auberge où je rencontre une ukrainienne, c'est compliqué avec la guerre en ce moment. Ses parents sont à Kiev et ne veulent pas en partir.
Je rencontre aussi une fille de Singapour, Bee, avec qui on prévoit d'aller à un concert de mariachi demain.
06 mars
Je sors dans la ville et passe devant une exposition en plein air Dali et Rodin. J'aime beaucoup les différentes sculptures de Dali.
Ensuite, je me rends à la tour Latinoamericana haute de 183 mètres, où je prends l'ascenseur pour aller au 44e étage. La vue est impressionnante, je reconnais le palais des Beaux Arts et la grande place centrale du Mexique.
C'est là que je rencontre Sana et sa grand mère, en visite quelques jours ici. Elles vont visiter Teotihuacan demain avec un guide et me proposent de les accompagner, pour 500 pesos. J'hésite mais finalement j'accepte.

Après la tour Latinoamericana, je me rends au musée des Beaux Arts. Le bâtiment est superbe, l'extérieur est de style art nouveau.
Ça tombe bien, plusieurs musées sont gratuits aujourd'hui.
Une fresque de Diego Rivera me marque particulièrement. Il y a plein de détails à observer !
J'apprendrais plus tard en regardant le film sur Frida Kalho que cette fresque avait été faite détruite par son commanditaire, les Rockefeller, qui la jugeaient trop provocante, à cause de la tête de Lenine sur le côté droit de l'œuvre.
Rivera proposa d'ajouter le portrait de George Washington à sa fresque, mais ce ne fut pas accepté. Rivera l'a repeinte à plus petite échelle dans le palais en 1934 et l'a rebaptisée L'homme, Contrôleur de l'Univers. Elle s'appelait avant L'homme au Croisement des Chemins.

Je fais ensuite le Musée National d'Art, le bâtiment en lui-même étant déjà une œuvre, de style néoclassique renaissance. On ne se croirait pas au Mexique avec ce genre d'architecture !
Je prends ensuite un métro bus pour aller à la basilique Notre Dame de Guadalupe. C'est une église récente, très moche de l'extérieur si vous voulez mon avis personnel, mais les fidèles font des centaines de kilomètres jusqu'ici pour admirer la Vierge et participer aux messes.



Wikipedia explique ça mieux que moi :
"Cette église moderne a été construite en 1976 pour permettre d'accueillir un plus grand nombre de pèlerins que dans la Vieille Basilique de Notre-Dame de Guadalupe , devenue trop petite et qui menaçait de s'effondrer. L'église a une capacité de 10 000 places et le nombre de fidèles peut être porté à 100 000 en utilisant les différentes chapelles, ainsi que l'atrium et l'esplanade devant l'église. Le site rassemble régulièrement plusieurs millions de visiteurs lors des grands événements (en particulier autour du 12 décembre, pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe), et près de 20 millions de pèlerins se rendent tous les ans dans cette basilique, ce qui en fait le monument catholique le plus visité après la cité du Vatican."
Quand même !
D'autres bâtiments plus anciens à côté sont jolis, comme le couvent des capucins à côté de l'ancienne cathédrale. En particulier, le Templo del Pocito où l'on peut admirer ce magnifique plafond doré est très sympa, pour ma part je n'ai vraiment pas compris l'engouement pour la cathédrale.
Je mange encore au sushi ce soir, mais je m'autorise cette fois à prendre des makis avec un peu de saumon cru. Délicieux !
Nous devions aller au concert de MARIACHIS avec Bee, mais finalement tout était complet. On se rend donc dans un petit bar, perdu dans des ruelles désertes où on n'était pas très rassurées, mais finalement l'ambiance au bar est très sympa. On goûte la boisson typique qui nous est servie dans une jarre en terre cuite. Les gens dansent et nous invitent à danser, mais on reste plutôt assise à les regarder. Je suis la seule blonde du bar !
07 mars
Ce matin, je me lève tôt pour rejoindre Sana et sa grand mère à leur hôtel. Nous sommes en route pour Teotihuacan, le guide est notre chauffeur.
Teotihuacan a été une de cités majeure d'Amérique Centrale avec jusqu'à 100 000 habitants. Le paysage est désert, avec la montagne Cerro Gordo en fond de toile. Ça change de Kalakmul et Palenque dans la forêt ou Tulum au bord de la plage.
La pyramide du Soleil est immense, c'est la deuxième plus grande pyramide après celle de Cholula, avec une hauteur de 65 mètres. Contrairement à ce que croyait Bernardino de Sahagún, l'inventeur de son nom, elle n'était pas dédiée au culte d'une divinité du Soleil mais à celui d'un dieu de la pluie !
C'est trop dommage qu'on ne puisse plus y monter. Lámbiance est magique malgré les nombreux touristes.
L'endroit est très touristique, avec son lot de vendeurs installés par terre comme à Chichen Itza. L'un d'eux nous fait une démonstration de peinture à l'ancienne : il utilise le nopal, le cactus, pour fixer la couleur, puis écrase des fleurs ou de la pierre dans le cas du bleu pour dessiner.
Teotihuacan a une particularité archéologique très identifiable qui s'appelle le talud tablero, "talus-tablier" (ma traduction mnémotechnique) ou "pente-planche" pour être précis, c'est la structure en pente oblique puis rebord de certains édifices.

On passe un peu de temps à observer la cité, il y a encore les vestiges de quartiers résidentiels.
On mange ensuite dans le restaurant La Gruta, qui comme son nom l'indique est situé dans une grotte. C'est très joli mais assez cher, alors je prends juste un plat d'empanadas.
J'en ai goûté des meilleures, mais ce moment à discuter avec Sana et sa grand mère était très intéressant.
On va ensuite voir la Basilique de Guadalupe que j'ai déjà vue hier, puis Sana et sa grand mère retournent à leur hôtel.
Je vais au marché artisanal de Mexico mais il n'y a rien d'intéressant, enfin pas grand chose.
Je retourne donc à l'auberge de jeunesse récupérer mes affaires puis je me rends à la gare routière de CDMX, où j'achète un ticket de bus de nuit pour aller à Oaxaca. J'attends à la gare quelques heures, puis je prends mon bus, épuisée.
08 mars
J'arrive à Oaxaca à 7h du matin. C'est la journée de défense des droits la femme aujourd'hui.
Je me balade un peu puis prends un colectivo pour rejoindre Santa Maria del Tule, un petit village non loin qui abrite l'arbre le plus large du monde.
Ce cyprès mesure 42 mètres de haut et 14 mètres de large, pour une circonférence de 58 mètres.

Son âge précis est inconnu, mais d'après Wikipedia les estimations vont de 1200 à 3000 ans. Il est surnommé l'arbre de la vie à cause des nœuds qui ressemblent à des têtes d'animaux : moi je vois un lion dans celui-là par exemple.

Ça ne rend pas trop en photo mais c'était vraiment monumental en vrai !
Le petit parc tout autour est tres joli aussi.
Je reviens ensuite à Oaxaca dans un petit taxi collectif. Je demande aux hommes dans la voiture ce qu'ils pensent de la journée de la femme, ils me répondent que ça les embête surtout parce que ça fait des bouchons dans le centre ville de Oaxaca. Et en effet, quand j'arrive en ville, les rues sont barrées et une procession défile. Je me balade en ville en cherchant un bus pour Monté Alban. C'est joli Oaxaca, il y a plusieurs expo artistiques en plein air.
Je vois sur Insta que Alix, que j'avais rencontré à Tulum, est aussi à Oaxaca. Je lui propose d'aller voir le site archéologique de Monte Alban ensemble. Elle accepte. Elle est accompagné de deux amis à elle, Tommaso et un autre dont j'ai oublié le nom.
Le site archéologique est perché sur une colline avec vue sur la ville de Oaxaca et les montagnes alentours. C'est encore un autre paysage que Teotihuacan, je ne me lasse pas de visiter des ruines mayas car c'est toujours différent ! Il fait très chaud sur ce plateau, il devait y avoir plus d'ombre à l'époque, quand il y avait encore des toits.
Apres cette belle visite, on redescend sur Oaxaca.
Je profite de l'Airbnb qu'ont loué Alix et ses amis pour prendre une douche salvatrice avant de ressortir dans la soirée avec eux. C'est ambiance manifestation dans les rues de Oaxaca maintenant.
Avec le violet comme signe de ralliement, les femmes marchent dans les rues en brandissant des pancartes et en interdisant aux hommes de prendre des photos. L'une d'elle menace même Tommaso avec sa batte de baseball !
L'ambiance est plutôt festive, c'est sympa. Ça m'a par contre choquée de les voir taguer sauvagement les bâtiments, même les églises !
L'heure arrive pour moi de retourner à la gare où j'ai atterri le matin même, pour prendre un bus de nuit (encore, oui) vers Comitán de Domínguez. Cela fait bientôt un mois que je suis au Mexique et je cherche à me rapprocher de la frontière.
09 mars
Le bus de nuit me dépose vers 9h à Comitan. Je prends le temps de trouver un hôtel pas trop cher, de me doucher, puis je prends un colectivo pour aller voir les cascades El Chifflon dont on m'a dit beaucoup de bien. J'avoue avoir un peu peur que ce soit très touristique.
En arrivant, je suis aussitôt immergée dans la nature et les couleurs sublimes du cours d'eau : turquoise comme Los Rapidos a Bacalar.
Il n'y a pas grand monde, contrairement à ce que je craignais, et le paysage est à couper le souffle. Il y a pas mal de marches à grimper pour arriver à la cascade phare, Velo de novia, "le voile de la fiancée". En effet, cette chute d'eau de 120 mètres est impressionnante. Ça fait brumisateur, après cette longue montée c'est très agréable !
Je pousse l'effort pour monter jusqu'aux deux dernières cascades, Arcoiris et Quinceaňera, respectivement de 53 et 60 mètres de haut. D'ici, on a aussi une belle vue sur les montagnes au loin.
Je profite de cet endroit incroyable avant de chercher à rentrer, vers 16h, car j'avais un peu peur de ne pas trouver de colectivo si je m'y prenais trop tard.
Je me balade ensuite dans Comitán, il y a un beau nuage d'orage avec la lumière du soir qui frappe l'église au sommet du village, c'est beau.
Je vais faire mon test antigenique pour le covid, pour pouvoir passer la frontière du Guatemala sans soucis.

Puis je me rends dans une pizzeria au feu de bois sympathique, c'est agréable car il se met à pleuvoir et il ne fait pas si chaud que ça. Une atmosphère un peu nostalgique pour mon dernier jour au Mexique. Je serais bien restée plus longtemps, mais si j'ai pour objectif d'être vers Panama fin avril, il faut avancer. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que si le poste frontière ne m'avait pas retenue 4 jours, j'aurais pu visiter la côte Pacifique dont tous les voyageurs m'ont vanté l'ambiance et le paysage : ce sera pour un autre voyage !
Je m'endors sans peine à l'hôtel où j'ai une chambre privée, un luxe après les journées au pas de courses et les bus de nuits que je viens d'enchaîner !
10 mars
Objectif Guatemala ce matin, alors on se lève tôt !
Je prends le colectivo a 6h50 pour la frontière avec un peu d'appréhension. Je sais que j'ai perdu le formulaire migratoire, et c'est aussi la première frontière que je passe seule, ainsi que ma première frontière terrestre. Mais j'ai rencontré un français qui a déjà passé cette frontière sans aucun problème, on ne lui a même pas demandé son formulaire migratoire, alors j'espère que tout va bien se passer.
En arrivant au poste frontière du Mexique, à Cuacthemoc, je montre mon passeport en croisant les doigts... Ça n'a pas loupé, le douanier me demande le formulaire migratoire. Je lui explique que je l'ai perdu :il me dit qu'il faut que je fasse une déclaration a la police, et que la police la plus proche est à une demi heure de route, dans la ville de Frontera Comapal.
J'essaye de garder mon sang froid et je le remercie pour ces indications et je prends un colectivo pour Frontera Comapal. Là bas, je trouve assez rapidement la police. Un premier policier me reçoit, il n'a pas l'air de connaître la démarche demandée par le douanier. Il demande donc à un deuxième policier de m'escorter jusqu'à une institution mexicaine qui s'occupe de ça. Mes réminiscences de la douane en Gambie me reviennent et je me vois déjà y passer la journée. En arrivant à l'institution mexicaine, on trouve des gens devant la porte qui attendent... Il est 9h34 et l'institution ouvre normalement à 9h, mais il n'y a personne. Je lève les yeux au ciel intérieurement. Finalement après dix minutes d'attente, ils finissent par arriver. Les gens qui attendent laissent passer mon policier devant, qui expose mon problème. Ils nous répondent que ce n'est pas eux qui gèrent ce problème mais l'office de la fiscalia de los immigrantes, l'immigration mexicaine, quelques rues plus loin. On s'y rend donc, mais c'est fermé aussi. Il y a un numéro pour appeler sur la porte, mais ni moi ni le policier n'avons de crédit téléphone. Je demande donc a une voisine si elle peut me prêter la clé wifi de chez elle. Elle accepte, et donne aussi au policier du crédit téléphone. Pendant que le policier appelle l'office, moi j'essaye de trouver le numéro de téléphone de l'immigration de Cuauhtémoc pour pouvoir les appeler. Mais la voisine n'a pas la clé de sa wifi, donc elle m'invite à passer chez son voisin qui me donne sa clé wifi. Le temps que j'accède à la wifi, le policier revient vers moi :il a pu appeler l'office et ils arrivent.
Je me retrouve donc enfin dans cette office avec un agent qui me reçoit très gentiment. Il a déjà eu l'occasion de faire une declaration de perte pour une belge, donc il a l'air de savoir de quoi je parle. Il me demande pas mal de renseignement, la dernière fois que j'ai vu mon formulaire migratoire, comment je pense l'avoir perdu etc. On reste une bonne demi heure-trois quart d'heure dans le bureau, puis enfin, l'agent me remet le dossier de perte complet. Alléluia ! En plus, il ne m'a rien fait payer. Le policier me raccompagne gentiment jusqu'à l'endroit d'où les colectivos partent. À 11h, je reprends donc un colectivo pour Cuauhtémoc.
J'arrive au poste frontière, il y a une dizaine de personnes qui attendent devant. Je bluffe un peu et je dis au gars qui fait entrer les gens que je suis déjà venue et qu'il me manque juste un papier pour passer. Il me fait passer avant tout le monde, ouf, en cinq secondes mon passeport est tamponné avec la sortie du Mexique.
Il me reste maintenant à traverser. Je prends un taxi qui m'emmène côté Guatemala, et il me dépose devant le poste frontière. Là, j'attends vingt minutes au soleil de passer dans une petite tente, la tente du médecin du Guatemala (histoires de covid obligent). Il fait 30 degrés donc vous imaginez bien qu'après 20 minutes au soleil avec mon sac sur le dos, je suis un petit brasero.

Le médecin me demande passeport, test pcr ou antigenique, certificat de vaccination et.. Mon front, pour une prise de température au thermomètre frontal.
Verdict du thermomètre : 40°, oupsie. Il faut 37° ou moins pour passer...
Je retire mes sacs, je m'asperge d'eau, je me mets à l'ombre et devant un ventilateur. J'attends. 10 minutes plus tard, je suis à 39°. J'attends encore, 38 et quelques. On se rapproche. Une demi heure après être rentrée sous la tente, je suis à 37,8°. Je m'asperge d'eau le front, le mets sous le ventilo et fais la prise de température juste après : 37,2°. Je crois que je ne peux pas descendre plus bas vu la chaleur ambiante, et de toute façon mon nombre d'essais est écoulé ! Alors quoi, je retourne au Mexique ?? Hors de question. Le médecin me fait comprendre discrètement que pour 500 pesos, on peut s'arranger. C'est beaucoup, mais ai-je le choix ? Je lui tends mon passeport avec l'argent caché dedans, et il inscrit miraculeusement 36,4° sur mon papier. Alléluia !
Je me rends ensuite à l'immigration en priant pour qu'il n'y ait pas d'autres galères. Je tends fièrement passeport et papier 36, 4° : passeport tamponné 90 jours pour le guatemala en deux secondes. Miracle !!

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